C’est pour lutter contre le décrochage scolaire que le Consortium du Projet Bien à l’École a été pensé pour rassembler, en ordre de bataille, 24 partenaires. On y trouve ainsi 8 académies, 14 entreprises EdTech, 2 associations péri scolaires et 2 laboratoires. Mais il ne suffisait pas de rassembler simplement ces acteurs complémentaires pour que cela ait un impact sur les élèves. Alors, ce qui nous a guidé dès sa conception, porteur du projet et responsables coordination-projet, c’est la conscience que la clé de la réussite du projet allait résider dans la formation des enseignants.
Les académies partenaires se sont donc engagées dans une démarche d’identification des établissements et des équipes pédagogiques volontaires motivées pour s’investir sur le long terme à déployer le dispositif Bien à l’École. Une fois les enseignants identifiés, un plan de formation a été construit sur la base de la mise à disposition des ressources produites par les partenaires EdTech. Cela s’est fait en amont du déploiement progressif, lequel a débuté en janvier 2024. C’est ainsi que, depuis un semestre, les équipes pédagogiques sont accompagnées dans leur découverte, leur appropriation des ressources.

Bientôt, les laboratoires partenaires seront eux-aussi mobilisés pour lancer la campagne de mesure d’impact auprès des élèves, afin d’apporter les données indispensables et ouvrir un cycle d’amélioration et d’ajustement du dispositif, incluant toutes les composantes faisant partie du projet. Élèves, familles, accompagnants associatifs, personnels non enseignant et enseignants seront donc impliqués ! Ainsi tous ces retours serviront à nourrir une boucle d’amélioration continue du dispositif, afin d’ajuster, d’amender chacune des ressources composant le projet. Nous ne sommes donc qu’au début du processus qui va se dérouler durant les 3 années à venir.

Je t’aime, moi non plus… 

Il existe une petite musique récurrente génératrice d’ambiguïtés qui semblerait opposer différentes catégories d’acteurs de l’innovation pédagogique et pourrait nuire à la réussite de projets ambitieux tel que Bien à l’École. Nous voulons parler bien entendu de celles et ceux qui inventent et développent des solutions numériques et des praticiens de la pédagogie. Des prises de paroles publiques et dans les médias laisseraient entendre que les premiers ne connaissent pas grand-chose des réalités terrain, voire ne s’intéressent pas aux élèves. Seule une motivation mercantile les mobiliserait à faire preuve d’inventivité ! Pire ils chercheraient à faire entrer des ronds dans des carrés en imposant des outils non utiles, inadaptés, ou pire, accusés d’avoir des effets secondaires néfastes.

Qui a eu cette idée folle, un jour de vouloir ré-inventer l’école ?

Il est temps de sortir des préjugés et de revenir à la réalité pour s’intéresser à ces nombreux acteurs EdTech qui œuvrent en France. Ce ne sont pas moins de 600 entreprises, de toutes tailles qui aujourd’hui inventent, développent, accompagnent enseignants, familles, formateurs, institutions en leur proposant ressources, outils, solutions et services…
Alors qu’est ce qui les pousse donc à se lancer dans la EdTech ?

Leurs points communs ? Avoir une passion pour la mission de l’éducation et de la formation ; Vouloir contribuer à une transformation des pratiques pédagogiques en apportant le meilleur du digital…

Une chose est certaine, elles veulent toutes apporter leur pierre à l’édifice en imaginant des moyens pour lutter contre : le décrochage scolaire, la non-inclusion des profils neuro-atypiques, l’absence quasi-totale d’individualisation et de personnalisation des parcours d’enseignement, l’exclusion des apprenants non adaptés à une certaine rigidité des modèles d’apprentissages portés par l’institution scolaire, le manque de prise en compte des fruits des sciences cognitives…. Et ce ne sont que quelques exemples, car la liste est encore très longue des situations qui sont autant de points de départ pour que des individus se lancent dans l’aventure de l’entreprenariat.

Qu’est-ce qu’il fait, qu’est qu’il a, qui c’est celui-là ?

Parce que nous sommes en droit de nous poser la question de savoir ce que sont ces entreprises EdTech, intéressons-nous à ceux qui y travaillent.Les équipes de ces structures sont composées très souvent de personnes avec un long parcours d’enseignants, de formateurs, qui s’appuient sur leur expérience pour chercher à apporter des solutions nouvelles. On y retrouve aussi des jeunes chercheurs en sciences de l’éducation ou en neuro sciences, des thésards, des post docs…. Et bien entendu font partie des équipes, tous ceux et celles qui sont porteurs des compétences à la pointe de la technologie, issues parfois de la « deep tech », compétences indispensables pour élaborer des solutions mobilisant les technologies les plus avancées en développement informatique, mobilisation du potentiel de l’Intelligence Artificielle, etc. Phénomène important, de plus en plus, ces organisations cherchent à établir des collaborations avec des laboratoires de recherche afin d’engager une démarche d’évaluation et de mesure de l’impact des usages des solutions. Il en va de la crédibilité et donc de la capacité de déploiement des solutions que d’en mesurer les effets. 

Si j’avais un marteau…

Parce qu’un outil ne sert à rien tant qu’on ne sait s’en servir, un marteau peut aussi bien servir à planter un clou, comme à taper sur la tête de son voisin…La tendance est tenace à toujours s’intéresser aux outils, aux ressources et à négliger leurs modes d’emploi. Car au-delà de toutes ces innovations technico-pédagogiques, un point reste essentiel : quelle que soit la qualité des produits créés, ce qui importe en fin de compte, c‘est l’usage qui en est fait par l’ensemble des acteurs de la communauté éducative. Le meilleur des outils peut être totalement inefficace, inadapté, ou inutilisé… tout dépend d’abord des conditions dans lesquelles il va être utilisé. Donc, au centre de tout dispositif souhaitant utiliser des ressources EdTech, il y a en premier lieu la formation des enseignants et des formateurs. En effet, lorsque l’on veut utiliser une ressource nouvelle, c’est d’abord dans le but de chercher à transformer ses pratiques pédagogiques pour les améliorer. Le questionnement et la capacité permanente à s’interroger sur les manières de progresser dans ses enseignements sont le moteur quotidien qui anime nombre de pédagogues. Or, il est utile de garder à l’esprit qu’il n’y a pas d’outil miracle en soit ! Quelle que soit la pertinence de la ressource proposée, le plus important restera toujours l’usage qui en sera fait. Cela suppose donc d’abord que le professionnel ait été formé à son usage, qu’il puisse s’approprier cet outil afin de l’inclure dans sa pédagogie. La boucle vertueuse de découverte, appropriation et transformation de sa méthode pédagogique permettra alors progressivement d’explorer les usages nouveaux qu’il va mettre en œuvre auprès de son public cible. 

Adieu, monsieur le professeur… ?

Alors, définitivement, non ! Il n’est dans l’intention de personne de remplacer un jour les enseignants par de la technologie. Aucune entreprise EdTech n’est tombée dans ce fantasme cauchemardesque qui serait un total non-sens. La crainte légitime et saine de certains membres du corps enseignant qui voient l’arrivée de ces ressources comme autant de menaces sur leur rôle éducatif réside en fait dans leur méconnaissance de ce qu’ils pourraient faire de ce type de ressources numériques dans leurs classes, au bénéfice de leurs élèves. Voilà pourquoi, durant les 4 années à venir, au fur et à mesure de l’avancée et du déploiement du projet Bien à l’École, tous les acteurs impliqués vont partager de manière publique leurs retours d’expérience. Au fil des semaines ce seront autant d’occasions pour apprendre entre pairs au travers des réussites, des difficultés rencontrées, et ainsi explorer ce que l’utilisation de ce type de ressources offre comme possibilités.
Nous souhaitons donc vous inviter à contribuer à cette démarche de développement d’intelligence collective entre acteurs engagés à lutter contre le décrochage scolaire. Et un des meilleurs moyens pour entrer dans cette dynamique sera de s’inscrire pour recevoir cette newsletter mensuelle.

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