Placer le bien-être au cœur des préoccupations pédagogiques apparaît parfois comme une volonté dense qui peut être complexe à mettre en place. Chez Bien à l’École nous œuvrons afin de réunir des outils concrets pour améliorer la persévérance scolaire. Avant de vous les présenter dans les semaines à venir,  et d’explorer collectivement cette question fondamentale du bien-être à l’école, nous vous proposons de comprendre sa nécessité. 

Quand est-ce que le bien-être devient-il une préoccupation et plus particulièrement dans la sphère éducative ? 

Et quelle définition peut-on utiliser comme postulat de départ pour entamer une discussion constructive qui nous amène progressivement vers un meilleur accompagnement des élèves en difficulté. 

Le Bien-Être à l’École

En 1946, l’OMS partage sa définition de la santé et elle l’associe exclusivement à la notion de bien-être dans sa globalité :

« Un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Site de l’OMS

Et c’est à partir de ce postulat que l’on vous propose de décortiquer les liens entre  bien-être et éducation. 

Définition du bien-être : les piliers du bien-être avec les aspects physiques, mentaux et émotionnels 

Si l’on choisit d’aller plus loin dans la définition du bien-être, nous proposons de reprendre la définition du Conseil de l’Europe qui utilise 4 piliers fondamentaux : 

  • “Le bien-être émotionnel/psychologique – aptitude à faire preuve de résilience, à gérer ses émotions et à ressentir des émotions sources de sentiments positifs”
  • “Le bien-être physique – aptitude à améliorer le fonctionnement de son corps grâce à une alimentation saine et à une activité physique régulière”
  • “Le bien-être social – aptitude à communiquer, à nouer des relations satisfaisantes avec les autres et à créer son propre réseau de soutien affectif”
  • “Le bien-être cognitif” – sentiment de compétence, sentiment d’efficacité personnelle

Comprendre ces dimensions variées est essentiel pour promouvoir un équilibre global. Une approche que l’on retrouve aussi chez Bien à l’École en faisant interagir des acteurs avec des fonctions différentes qui oeuvrent vers plusieurs objectifs communs, tous liés à cette volonté de construire des espaces où le bien-être participe à la prise de confiance en eux des élèves. Alors comment le favoriser ?

Créer des espaces où l’épanouissement des élèves peut se faire quotidiennement est fondamental afin de favoriser le bien-être à l’école. Le bien-être à l’école englobe les aspects physiques, mentaux et émotionnels des élèves et permet d’observer des résultats positifs sur le quotidien en classe à la fois d’un point de vue académique et social. Alors comment créer et favoriser cette confiance et installer ce bien-être à l’école ? 

Facteurs influençant le bien-être à l’école :            

L’équilibre du bien-être à l’école repose sur divers facteurs. Les relations sociales, qu’elles soient avec les pairs, les enseignants, ou la famille, sont fondamentales. L’environnement scolaire, à travers ses infrastructures et ses dispositifs, ainsi que les aménagements matériels et pédagogiques, contribuent également à cette dynamique. Un soutien émotionnel, tant à l’école qu’à la maison, complète cet ensemble en favorisant un climat propice à l’épanouissement des élèves. En explorant ces éléments, nous pouvons mieux comprendre comment créer des environnements éducatifs qui encouragent le bien-être intégral des étudiants.

Nous devons distinguer deux espaces dans la vie des élèves et les faire dialoguer ensemble : l’environnement scolaire et l’environnement familial. Dans chacun de ses espaces nous revenons à la construction de ce lien de confiance. 

Nous proposons les 4 premières pistes suivantes qui déclinent notamment les différents piliers du bien-être : 

1. Créer et entretenir des relations sociales positives entre les différentes personnes présentes dans l’établissement :  On peut notamment mentionner  Jean-Jacques Rousseau, qui insiste sur le besoin des autres pour permettre à l’Homme d’exister. Dans un établissement scolaire où les liens sont multiples et complexes, les élèves expriment tous à des degrés différents un besoin de reconnaissance, qu’il est nécessaire d’inclure dans l’organisation quotidienne pour permettre l’épanouissement individuel et collectif. 

2. Proposer des dispositifs de soutien quotidiens : ce point nous dirige vers une question beaucoup plus large qui recoupe directement le travail mené par Bien à l’École. Aujourd’hui, nous vous proposons de faire un tour du côté des plateformes utilisées dans le cadre de l’accompagnement pour les élèves rencontrant des difficultés : LYCAM, Motiv-action ou TITAction. 

3. Selon les différents établissements la question des infrastructures varie nous souhaitons mentionner un point qui a un impact direct sur le bien-être, c’est celui de l’ordre et du rangement dans l’établissement : 

On pense notamment à ce dossier proposé sur le site de l’Académie de Nantes par J.L Drouin, professeur d’EPS  “Mal vu par certains qui considèrent que c’est une activité fastidieuse ou peu valorisante, le rangement est pourtant au cœur de nombreuses coopérations humaines et se révèle souvent indispensable pour la mémorisation, la compréhension et les productions de différentes natures, à l’école comme ailleurs.” 

4. L’importance des temps d’EPS : Quand on pense aux questions qui reviennent souvent en matière d’éducation française, il y a celle du temps passé assis par les élèves. Le temps de sédentarité journalier des enfants en cycle 3 et 4 est de 6,1 heures pour les 6-11 ans et de 7,5 heures pour les 12-15 ans. Directement lié au bien-être , ce point est fondamental dans la création d’espaces où les élèves se sentent bien. L’ASM propose des pauses actives mises en place dans des écoles de l’académie de Clermont-Ferrand. Des moments de 15 minutes à chaque fois pour proposer aux enfants du CP au CM2 de se détendre en 4 phases : mobilisation, correction de postures, apport de connaissances et relaxation.

Bien-être à l’école et persévérance scolaire : comment se corrèlent-ils ?

“Il en résulte que le bien-être des élèves à l’école est une variable importante à considérer, non seulement parce qu’elle est liée à d’autres variables caractérisant leur adaptation sociale, mais également parce qu’elle renvoie à des préoccupations éducatives globales visant le devenir de la personne, son épanouissement, ses relations sociales et sa qualité de vie [Gibbons et Silva, 2011].

C’est en partant de cette observation que nous vous proposons de développer la corrélation entre le bien-être à l’école et la persévérance scolaire. Comment fonctionnent-ils en tandem ? 

Études et recherches scientifiques démontrant les liens entre bien-être et persévérance scolaire : 

Nous parlons chez Bien à l’École de persévérance scolaire car le cœur de notre action vise à amener de manière bienveillante les élèves en difficulté vers un rapport apaisé à l’école qui leur permet d’acquérir et d’accueillir toutes les notions des programmes avec plus de sérénité et de durabilité. Car il s’agit aussi de proposer des modèles, où les apprentissages s’inscrivent de manière durable auprès des élèves. Plusieurs facteurs participent  Mais alors comment bien-être et persévérance scolaire fonctionnent-ils en tandem ? Jonh Hatie, chercheur néo-zélandais qui a effectué des recherches et a récolté des données auprès de 250 millions d’élèves dans le monde, propose une liste de facteurs qui nuisent ou non aux élèves et altèrent ou favorisent le bien-être. Visible Learning nous propose une synthèse de cette étude conséquente et reprend notamment le schéma suivant : 

La relation élève-enseignant : Teaching Through Interactions 

Un point clé ressort de l’étude d’Hatie mais aussi des nombreuses recherches similaires, c’est le lien élève-enseignant. Nous rebondissons ici sur le point évoqué plus haut qui aborde l’importance du lien de confiance et la construction de cette relation que certains considèrent comme une relation pédagogique (Legendre, 1993 ; Houssaye, 2014) ou éducative (Postic, 1979/2015), c’est-à-dire avec une dimension sociale et affective. Nous vous proposons de nous pencher sur le travail mené par Séverine Haiat, Gaelle Espinosa and Annie Charron à la fois sur la construction progressive depuis les années 1990 à aujourd’hui et qui proposent d’expliquer le modèle TTI (Hamre et Pianta) qui se concentre sur une structure en 3 temps pour améliorer ce lien fondamental du bien-être à l’école. Cette approche s’articule autour de 3 points : 

  • Le soutien émotionnel : quel lien l’enseignant entretient-il avec l’élève ? Instaure-t-il un dialogue qui prédispose aux enseignements ? 
  • L’organisation de la classe : l’enseignant maintient-il une organisation harmonieuse de la classe et quelle ambiance y retrouve-t-on ? 
  • Le soutien à l’apprentissage : l’enseignant propose-t-il une diversité de supports pour transmettre selon les profils des élèves ? Est-ce que l’élève a partagé sent qu’il peut exprimer ses difficultés sans craintes ?

Mais alors comment accompagner ces enseignants ? Comment les soutenir ? Comment leur permettre d’être eux aussi épanouis et outillés pour encadrer au mieux cette persévérance scolaire positive ? C’est notamment le travail mené par Anne Lesnard avec le projet CLASS qui s’intéresse au modèle TTI et propose de partir des besoins des enseignants. Elle identifie notamment 3 profils d’enseignants (en détresse, en développement et en perfectionnement). Selon ses profils, elle propose d’accompagner les enseignants pour qu’ils puissent à leur tour transmettre au mieux aux élèves. 

Accompagner la construction épanouie des citoyens de demain

Toutes ces recherches menées sur le bien-être à l’école nous dirigent vers un objectif commun qui dépasse la persévérance scolaire pour entrer dans le champ collectif de la société. Il nous rappelle l’importance de former de futurs citoyens conscients et épanouis. Cela passe par la compréhension d’un monde qui change, on pense à l’importance des nouvelles technologies et la nécessité de former les élèves à ces outils. Ce qui représente d’ailleurs une des actions menées chez nous en intégrant à la discussion des acteurs de la EdTech. Alors comment peut-on développer cette capacité d’adaptation ? 

Neurosciences et psychologie positive au service de l’éducation

  • L’apport des neurosciences et le développement de la psychologie positive ont permit de remettre au cœur des préoccupations le bien-être 
  • Au-delà d’un effet de mode, ces branches de recherche permettent d’en faire des questions centrales et proposent des solutions concrètes basées sur le fonctionnement du cerveau humain             

Les neurosciences placées depuis plusieurs années au coeur de la réflexion éducative propose de s’intéresser au fonctionnement du cerveau pour le mettre au cœur des pratiques éducatives, on distingue deux recherches intéressantes : 

  • La plasticité cérébrale, qui constitue la faculté que notre cerveau à se soigner en récupérant et réapprenant. Utilisée pour accompagner les personnes ayant subi un choc ou souffrant de maladies neurodégénératives, en matière d’éducation on l’utilise auprès des élèves atteints de dyslexie. Elle propose des exercices basés sur la répétition constructive qui accompagnent le renforcement ou l’élimination de synapses (connexions entre les neurones). 

Aller plus loin – Plasticité cérébrale et éducation

  • Un deuxième point de la recherche neuroscientifique s’intéresse au bien-être ressenti subjectivement et notamment dans la sphère relationnelle. Selon ce qui est vécu plusieurs zones du cerveau sont impliquées et leurs développements peut être impacté dans le cas de situation négatives que l’on peut recouper sous l’acronyme de VEO (Violence Éducative Ordinaire). Ce phénomène avec des conséquences inquiétantes sur le développement des enfants touche 1 enfant sur 2 avant l’âge de 2 ans. En réponse à cette problématique, on a vu notamment le développement de la psychologie positive dans l’éducation qui emploie des moyens pour permettre aux enfants et adultes d’interagir dans un contexte plus bienveillant. 

La psychologie positive dans l’éducation s’est aussi développée dans la continuité du mouvement de l’Éducation Nouvelle, courant pédagogique du XXe siècle qui place l’enfant au cœur des préoccupations pédagogiques et non plus seulement les enseignements. On pense notamment à la pédagogie Montessori qui propose une approche basée sur les périodes sensibles et à la construction à la fois de l’autonomie et de la confiance en soi de l’enfant. 

Aller plus loin

En explorant ce pilier de l’accompagnement à la persévérance scolaire, nous avons souhaité enclencher le travail qui sera mené sur les prochains mois par notre réseau de partenaires. Chez Bien à l’École, nous proposons une organisation collective mêlant divers acteurs avec une volonté profonde d’accompagner au mieux les élèves en difficulté. 

Il s’agit pour nous de créer un espace où vous trouverez des outils, des pistes de réflexion et la possibilité d’échanger ensemble vers un modèle éducatif qui intègre le bien-être au quotidien des élèves. L’enjeu ici n’est pas de culpabiliser les parents ou les acteurs éducatifs mais au contraire de s’unir pour soutenir au mieux tous les élèves qui en ont besoin. 

Nous vous proposons de nous rejoindre sur Linkedin pour dialoguer quotidiennement, suivre nos actualités et découvrir nos publications qui couvrent . 

Accompagnons ensemble les citoyens de demain. 

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